dimanche 11 juin 2017

Fable du banquier

ou
Fable du faux-monnayeur

Cent iliens du Pacifique,
Cent pêcheurs fermiers gras et gais,
Trouvant le troc trop classique,
Convertissent en argent nacré
Travail et marchandise.
Avec cent coquillages mensuels
Chacun se trouve fort aise.
L’un d’eux bien avisé,
Sachant compter, se décrète banquier.
Tout travail méritant salaire
Le mien à deux-cents Nacres s’élèvera,
Dit-il à l’entourage.
Personne ne récrimine 
Car le pêcheur n’est pas compteur.
L’hiver n’ayant jamais cours
Au Pacifique,
Mais la pluie étant fort drue,
Un fermier souhaita consolider son toit.
Au banquier il sollicita
Un crédit de mille Nacres
Remboursable en dix saisons.
C’est faisable dit le banquier
Sans balancer.
Sans attendre,
La hutte fut rénovée...
Les quatre-vingt-dix-huit autres compères
Trouvant le procédé fort ingénieux
Se hâtèrent de l’imiter.
Le banquier à ses mots,
Court sur la plage récolter
La monnaie nacrée nécessaire
À son négoce,
Multipliant ainsi par dix sans effort
son trésor.
C’est faisable dit le financier
Aux quatre-vingt-dix-huit gogos.
Je vous prête à vingt pour cent d’intérêt.
Alors, tous de courir sur la plage
Quérir des coquillages,
Halte-là !
Dit le bailleur ;
Les coquillages n’ont plus cours,
Nous sommes passés au tout numérique ;
Il va falloir bosser maintenant.

Éthique : 
Rien ne sert de marner,
Il faut virer le banquier.

E. Berlherm

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